une distinction tardive oh combien !! mais enfin attribuée

Publié le par CCEEE - J.SBERRO


2O ans après sa création, le Prix Mémoire de la Shoah de la Fondation Jacob Buchman, sous l’égide de la Fondation du judaïsme français a été décerné Lundi 24 novembre à l’historien Georges Bensoussan, responsable éditorial de la Revue d’Histoire de la Shoah. Une nombreuse assistance avait tenu à lui rendre hommage et parmi elle des responsables du CRIF, dont Eliane Klein, déléguée pour la région Centre et Albert Roche, président du CRIF sud Ouest Aquitaine.
 
Historien ? La question ne sous entend évidemment pas la présomption d’une imposture ; mais le terme en dit trop peu. « Georges Bensoussan est un passeur » dira David de Rothschild, le président de la Fondation du Judaïsme Français et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.  Il mêle « la rigueur de l’historien au talent et à l’audace du penseur et de l’essayiste, pas toujours orthodoxe… ». Et au-delà, ses textes sont : « un rare bonheur d’écriture ».
L’historienne Annette Becker qui présente le lauréat a poursuivit en saluant l’étude extraordinaire des Georges Bensoussan sur ses deux passions « le yishouv et la Shoah » , qui l’ont amené, dès 1989, à interroger le concept de génocide élaboré par Raphaël Lemkin, « ce barbarisme de masse » dit Annette Becker, longtemps laissé à l’état de concept. Pionnier dans ses recherches « sophistiquées et novatrices, cet « éditeur infatigable » a mis la victime au centre de son étude, l’individu contre la masse, les repères contre le néant. Du Journal du ghetto de Varsovie d’Hillel Seidman  aux Voix sous les cendres (manuscrits des sonderkommandos d’Auschwitz), Georges Bensoussan n’a de cesse « d’interroger l’innommable encore et encore » jusqu’à ses soubassements, brisant le cercle vicieux de la « tragédie conceptuelle du plus jamais ça » plaidant pour la mémoire un enseignement politique qui fasse sens. Le cœur du propos d’Auschwitz en héritage dénonce les prêches consensuels, « le culte mémoriel affadit » dans un tumulte assourdissant.
Né au Maroc en 1952,  Georges Bensoussan est d’abord est un héritier des Lumières, un fils de 1789, un sujet libre. Poussé par la curiosité « qui permet de se déprendre de soi » et influencé par les écrits de Michel Foucauld et Pierre Legendre, l’axe de pensée de l’historien vise à comprendre « ce qui écrase » pour en faire une « occasion de transcendance ; en plongeant dans l’horreur, faire du savoir la hache qui brise la mer gelée en nous »  dit-il en citant Kafka. A l’assistance présente, il a rappelé la portée universelle de la destruction des Juifs d’Europe, tragédie du triomphe des anti-lumières, qui dépasse les distinctions entre juifs et non juifs et pulvérise celles entre « askhénazes et séfarades », car si de la main et de l’esprit de l’homme ont été crées les lieux de mise à  mort de l’humanité, alors ce constat place la condition humaine dans un état de précarité insoutenable. . 
Loin de la morbidité qui rôde pourtant autour de la béance d’Auschwitz ; « cette transgression qui pour la condition humaine sonne l’exil », la possibilité de vivre devient enfin tangible : « percevoir autrement pour continuer à regarder dans leur nudité crue » les crimes de masse.
Un seul mot nous traversait l’esprit lorsque le lauréat a reçu son prix : enfin.

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