Des parlementaires européens bouleversés après une v isite au Proche-Orient
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Dans le bus qui file à Jérusalem, les parlementaires affûtent leurs questions pour le président Shimon Pérès qui les reçoit à dîner. Celui-ci insiste sur la "respectabilité" des leaders de l'Autorité palestinienne. Mais Gaza ?, insiste François-Xavier de Donnea, ex-ministre belge de la défense. "Nous nous sommes retirés ; quel plus grand geste pouvions-nous faire ?, dit M. Pérès. Notre position à cet égard est la même que celle du président palestinien. Les organisations politiques savent qu'il faut faire des compromis, les organisations religieuses le refusent, obsédées par notre destruction. Attendons les élections de 2009 en espérant que le peuple comprenne et se détourne des fanatiques."
Il faut aller à Ramallah. La délégation y arrive, dès le petit matin, découvrant la barrière de sécurité électronique entourant la Cisjordanie. Salam Fayad, premier ministre de l'Autorité palestinienne passé par la Banque mondiale et le FMI, ne connaît pas la langue de bois. "Nous avons échoué lamentablement, dit-il. Notre propre Parlement ne fonctionne pas et notre gouvernement n'a aucun contrôle de ce qui se passe à Gaza." Il semble écrasé par la difficulté de sa tâche : "Il faut développer l'économie, créer des emplois, attirer les investissements internationaux, pas facile avec tous ces check-points !" Quant au processus de paix, oui, il croit possible de l'achever au cours de 2008 puisque, dit-il, "nos vues sont proches de celles des Israéliens". Annapolis étant une initiative américaine, à l'Europe, insiste-t-il, de s'impliquer davantage.
Le Portugais Soares se dit encouragé : "Voilà un homme qui ne rejette pas la responsabilité sur les autres et qui donne de l'espoir !" Le baron Kilclooney, de la Chambre des Lords, renchérit : "Il est totalement opposé au terrorisme et veut à tout prix un accord avec Israël. Mais quel est son pouvoir face au Hamas qui semble gagner en influence, même en Cisjordanie ?" Retour à Jérusalem où la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, affiche son obsession pour la sécurité, et où la présidente de la Knesset, Dalia Itzik, se demande ce que feraient les pays européens s'ils étaient confrontés, comme la ville de Sderot l'an passé, à plus de 1 000 roquettes en provenance de Gaza. Tonique, le premier ministre, Ehoud Olmert, affirme, lui, que les relations entre Israël et l'Europe sont meilleures qu'elles n'ont été depuis quarante ans. "Peut-on alors influencer le processus de paix ?", demande la Lettone. "La paix se négocie à deux ! Et surtout pas avec la Ligue arabe dont les pays sont souvent plus extrémistes que les Palestiniens", répond M. Olmert.
Les questions fusent. Quid de nouvelles implantations ? "Il n'y en a pas !" Et le démantèlement des autres ? "Impossible de déménager des gens installés depuis plus de trente ans avec des enfants !" Comme le groupe s'apprête à rencontrer le président de l'Autorité palestienne : "Saluez-le ! On est en contact permanent !""En cas d'accord avec Israël, on y organisera un référendum." Mais les installations juives doivent être démantelées, le droit au retour des réfugiés reste inscrit dans la feuille de route... Il est des compromis inimaginables. Mahmoud Abbas confirme et tient à un accord en 2008. Gaza ?
Les parlementaires sont bouleversés, troublés par la concordance des discours sur le processus de paix et la menace iranienne, mais effarés par certains blocages. "Sur le conflit palestinien se sont superposé le djihad et l'arme des attentats-suicides et des martyres. Tout est faussé !", résume la députée espagnole Beatriz Rodriguez-Salmones. La plupart restent persuadés qu'il n'y aura jamais de moment plus favorable à la paix, déterminés à s'impliquer, dans leurs Parlements respectifs, et dans Medbridge qui devrait les réunir à nouveau.